Gang Starr – One Of The Best Yet
Les chroniques sur les grosses sorties se font rares sur le site, l’accent étant mis sur les découvertes. Avec One Of The Best Yet septième et ultime album de Gang Starr, La rédaction fait une entorse à son parti-pris pour dédier ces lignes à l’une de ses madeleines de Proust…
C’est dans la soirée du 18 septembre que le monde apprit la sortie imminente du nouvel album par un message vocal de Nas. Une surprise qui a immédiatement cristallisé toutes les attentes, alors que ce projet semblait irréalisable avec la disparition de Guru en avril 2010 et l’emprise de Solar sur son héritage.
Passé ce teaser, l’album s’est révélé par les singles Family & Loyalty et Bad Name. Deux titres qui étaient à la fois retrouvailles des boucles de Primo et plaisir d’entendre à nouveau la voix de Guru sur des textes inédits. Du matériel nouveau, qui s’est confronté aux oreilles de fans ayant changé de mètre-étalon au fil des années, et d’aficionados, qui d’emblée se sont replongés dans les souvenirs de jeunesse.
Les 6 albums studio de Gang Starr entre 1989 et 2003 ont pavé la route de chineurs, inspiré, rimeurs, producteurs et autres créateurs. Une discographie qui fut majoritairement succès d’estime auprès d’une niche passionnée. C’est en parallèle, dans leur parcours solo que Guru et DJ Premier connurent de plus gros succès, l’un avec Jazzmatazz, l’autre en produisant d’innombrables classiques pour des artistes de premier plan.
One Of The Best Yet est le fruit d’une longue bataille judiciaire opposant d’un coté, DJ Premier épaulé par la famille de Guru et de l’autre, le « producteur » Solar (à ne pas confondre avec MC Solaar) devenu principal interlocuteur de Guru dans ses dernières années. Un combat pour récupérer les derniers enregistrements de Guru, relaté dans l’excellent article du New York Times. Une dernière oeuvre, officiellement fin d’une époque, une passation de témoin entre les gardiens du temple et les héritiers.
One Of The Best Yet c’est à la fois le retour de productions chaleureusement faites maison et une ambition de donner à Gang Starr le rayonnement que Guru aurait voulu de son vivant. La photo de Danny Hastings (auteur des mythiques couvertures du Wu-Tang, Nas et Big Pun, KRS One, Jeru etc…), le choix des collaborations (J. Cole, M.O.P, Talib Kweli, Q-Tip, Big Shug, Jeru the Damaja, Royce Da 5’9″, Group Home, Freddie Foxxx, Ne-Yo…) et l’affichage sur Times Square sont autant de moyens déployés par DJ Premier pour ce baroud d’honneur. Une volonté de clôturer l’aventure et laisser une dernière trace dans les charts.
L’élaboration d’un opus qui aura pris sept années de procédure pour la récupération des acapellas et 18 mois entièrement dédiés aux productions de l’album.
En conclusion : One Of The Best Yet n’est pas « le nouvel album » de Gang Starr mais son chapitre final, l’au revoir que DJ Premier a finalement réussi à adresser à son camarade.
Un album distribué par Fat Beats Records, qui ne s’inscrit pas dans la continuité de la discographie mais dans sa clôture, offrant le meilleur de Gang Starr, avec toutes ses qualités et imperfections. Une entrée dans la postérité à l’image de sa jaquette, immortalisant l’emblématique duo.
The Ownerz a marqué la séparation, One Of The Best Yet marque la réconciliation et la promesse de préserver l’héritage en laissant place à l’avenir. Un album qui s’écoute intégralement, du début à la fin, pour en prendre la pleine mesure.
Je t’aime mec. Quoi qu’il puisse t’arriver, Je m’assurerai que ta famille ne manque de rien. Je ne te laisserai jamais tomber. Nous sommes Gang Starr pour toujours..
DJ Premier au chevet de Guru, un mois avant sa mort | mars 2010
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